Jusqu'au 7 janvier 2024, le musée la Piscine à Roubaix accueille une exposition sur Chagall. 140 œuvres qui parlent avec émotion d'une époque torturée.
Par Anne-Sophie Hourdeaux Publié le
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Jusqu’au 7 janvier 2024, le musée la Piscine à Roubaix (Nord) accueille une exposition exceptionnelle sur «Chagall politique, le cri de la liberté». Une plongée émouvante dans le XXe siècle bouleversé.
Les visiteurs se pressent pour cette grande exposition qui n’est pas une rétrospective mais au contraire un approfondissem*nt de l’œuvre de ce peintre juif, né en Russie à Vitebsk, mort à Saint-Paul-de-Vence après avoir traversé tout le siècle.
Sa puissance créatrice qui se manifeste aussi par celle des formats de ses peintures et son génie ont été reconnus très vite et en font un des artistes majeurs du XXe siècle.
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4e fois à Roubaix
La Piscine à Roubaix, le musée d’art d’industrie André Diligent, a consacré déjà 3 expositions à Marc Chagall. Celle de 2023 «Chagall Politique, le cri de la liberté» n’apparaît en rien comme une redite mais au contraire comme la synthèse des expositions précédentes. Un peu comme si elles avaient été des brouillons de cette magistrale fresque que les visiteurs de la Piscine peuvent voir jusqu’au 7 janvier, avant que l’exposition ne soit montrée à Madrid puis à Nice pendant tout 2024.
À Roubaix, Bruno Gaudichon ne laisse à personne le soin de présenter l’exposition même s’il en partage le commissariat avec notamment Meret Meyer, petite-fille de l’artiste et représentant les ayants droits.
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On visitera avec intérêt les autres expositions «Georges Arditi (1914-2012). D’un réel à l’autre» ; «Claude Simon sur la route des Flandres, peintre et écrivain» ; «Marc Ronet. La peinture obstinée : une donation» ; «Fanny Bouyagui : IA-TERRA».
140 œuvres
On devine que sa contribution fut immense pour rassembler autant d’œuvres (140) dont bon nombre de chefs-d’œuvre, connus parfois que par l’intermédiaire de revues d’art.
On ne se lasse pas de Chagall, tant ses couleurs sont vives, ses compositions ludiques, ses tableaux majestueux. On peut regarder à l’infini les scènes de cirque, clowns rieurs et acrobates désarticulés. Pour cette exposition, rien n’est trop beau. Point de précautions. Quand «Le violoniste vert», une peinture des années 1923-1924 doit venir de New York du musée Guggenheim, elle vient. Et le visiteur est accueilli par un chef-d’œuvre, «La commedia dell Arte», un tableau de 10 m2 venu de Francfort.
Soubresauts du XXe s.
Au-delà du virtuose, il est montré ici les sources d’inspiration de cet artiste qui a vécu presque 100 ans, et qui a peint jusqu’au dernier jour. Traversant le siècle entre Paris, Moscou, Berlin, l’artiste a vu de près la Révolution bolchevique et la création de l’URSS, il est devenu un bref temps un personnage officiel du nouveau régime. Il a senti la montée du nazisme à Berlin avec la destruction d’une de ses œuvres dans un autodafé à Mannheim et par le décrochage de celles acquises par les musées allemands comme témoins de l’art dégénéré. Il a vécu la condition d’apatride à Paris, obtenant la nationalité française avec difficulté, effacée peu après : «Israélite russe, naturalisation sans intérêt national». Cela l’a conduit à l’exil en Amérique.
Lors de son retour en France, son immense notoriété ne l’a pas mis à l’abri de relents d’antisémitisme lorsqu’il reçut la commande publique de peindre le plafond de l’Opéra ou celle de dessiner les vitraux de la cathédrale de Metz.
Son œuvre en est profondément marquée et reprend inlassablement la figure du juif errant, crucifié, ou celle du rabbin isolé. Quand il représente son village natal, on comprend bien que la maison bleue de son «shtetl», sa communauté yiddish, est inexorablement rejetée en dehors de la ville.
Illustration de la Bible
La commande faite par le marchand Ambroise Vollard d’illustrer la Bible le conduit à un long périple en Palestine et notamment à Jérusalem où la figure du juif errant crucifié donne lieu à des tableaux bouleversants et moins connus. Éditée par Teriade seulement en 1950, elle permet d’ouvrir les yeux sur un volet plus méconnu de peintre mystique, en capacité de témoigner de la misère d’un peuple sans se résoudre à l’accepter.
«Chagall politique : le cri de Liberté» jusqu’au 7 janvier. Au 23 rue de l’Espérance, ouvert du mardi au jeudi de 11h à 18h ; vendredi jusque 20h ; samedi et dimanche de 13h à 18h. Tarifs : 11 € et 9 €.
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